Vietnam
Saïgon 2020
J’ai entendu le silence résonner dans cette ville surpeuplée, agitée et maltraitante, dans les ruelles désertées ou somnolentes. J’ai entendu la nuit sortir des murs décatis, suintants et graphités. Là où chacun cherche son coin dehors, dedans, un coin où caler son sommeil, ses rêves, un coin parfois trop proche d’autres coins, d’autres corps. Une nuit où recroqueviller sa fatigue de vivre, où trouver un ersatz de paix intérieure. Le noir et le silence d’où des trop-pleins de vide sortent, le blanc et le silence d’où des absences délétères surgissent.
J’ai choisi le noir de la nuit, de la solitude provisoire et relative des ruelles sombres, des animaux à portée de cauchemars. Demain c’était trafic intense, hier ce sera trop de bruits, des cris ténus peut être, des vies à défendre. Comme si la nuit pouvait représenter la suspension d'activité entre les humains, entre soi et soi, entre l’imaginaire et les réels, comme si le silence était le mode d’être privilégié des divinités, l’apanage des mystiques. Quelque part, la lune veille, protège la nuit. Au matin clair, elle viendra nous chercher, nous prendra sous son aile pour, ensuite, nous pousser vers les mouvements des vivants.
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